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Jacques Ars

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- Essebac-
     

ESSEBAC, Achille. De son vrai nom, Achille BECASSE.

Les Bouc. Paris : Ambert, 1903.

Dédé. Un petit roman qui fait les délices des amateurs bouquinistes,-surtout anglophiles paraît-il-. J'avoue l'avoir trouvé très nian-nian surtout dans sa première partie, où Marcel est amoureux d'un de ses camarades de collège, André. Il est content que cet amour reste pur et ne soit pas "sali" par les choses du sexe. L'âge avançant il s'affole de savoir que l'acte sexuel devra un jour se réaliser... La mort de Dédé le délivre de cette angoisse. Le lecteur appréciera. Après la mort de Dédé, Marcel part en Italie. On comprend mal cette deuxième partie, après tout l'histoire était finie, et malgré les quelques raccords (la tombe de Dédé, sa mère), tout dans cette deuxième partie est différente : le style, beaucoup plus enlevé, et la sexualité enfin assumée. Je me demande d'où vient cette différence :soit il n'y a pas deux auteurs, car on va retrouver le même style et le même héros, sous le nom de Pierre, dans L'Elu, soit c'est un roman de jeunesse, remanié pour coller à l'histoire de Pierre. Notons certaines diatribes très anti-femmes, hélas.

En première page, cette citation : "L'éphèbe offre une beauté plus durable que la vierge ; et cet espoir de durée suffit seul à justifié sa suprématie". Paul Adam. Notons que dans ses romans Achille Essebac donne comme âge à ses éphèbes, de 16 minima à 19 (le plus bel âge pour lui), loin de ce qui se dira dans les années 50 sous la férule de Peyrefitte, où les éphèbes vont beaucoup rajeunirent.

Quelques extraits :

"J'aime ce qui ne peut être... Et ce qui ne peut être est : puisque je l'aime. " (p36).

"    Trois ou quatre fois encore, avant Noël, André mit ses chemises à grand col rabattu; le jeudi seulement. Ces jours-là il venait sans rien dire vers moi. Sa bouche respirait contre ma bouche, tandis que mes doigts pénétraient dans la tiédeur de son cou joli; quand je cassais mes ongles après ses boutons, il riait, je riais avec lui, Je l'appelais Dédé, tout bas, tout doucement; et, sans savoir pourquoi, il me semblait que je l'eusse embrassé volontiers, très simplement, sans rien autre, dans ce baiser, que la joie de cueillir sur ma bouche un peu de sa beauté, et de mettre un peu de moi sur les lèvres...

    Un jour j'attendis vainement la chemise au grand col rabattu, qui était la douce revanche des glissades. Le grand col blanc ne vint pas. Un autre jour je l'attendis encore, Et puis un autre... Le grand col blanc ne revint plus jamais. Le règlement l'avait supprimé parce que, décidément, il n'était pas d'uniforme.

    Que j'en ai vu depuis, de douces choses, belles et pleines d'une adorable tentation puérile et pure ! Elles m'ont été défendues parce qu'elles n'étaient pas d'uniforme... Et je n'ai plus ri en cassant mes ongles sur des boutons de nacre; et jamais plus je n'ai pu dire à un petit Dédé gentil comme lui: "Dédé...." tout bas et tout doucement; jamais plus...

    Mais toujours, impitoyablement toujours, j'ai désiré, sur des lèvres, cueillir un peu de beauté, en leur donnant tout ce qu'elles auraient voulu de mon cœur. " (p 44 et 45)

 "    J'étais incapable, à ce moment, de mesurer toute l'ingénuité, toute la délicatesse de nos bavardages, je manquais de point de comparaison, n'ayant jamais entendu que des choses bonnes et saines...

    Mais, las! que je les juge infiniment doux et désirables, même pour de jeunes hommes, ces scrupules qui fermaient nos bouches et meurtrissaient plus que notre esprit: notre chair contenue... Et comme cela était bon, après les mathématiques et l'histoire, de sentir s'éveiller en soi tout cela, aigu et ouaté, terrible et charmant; ces transes exquises de l'adolescence dont me parlait Dédé et que M. l'Aumônier faisait taire en nous bénissant avec sa main tremblante, en essayant de nous donner la paix... en nous donnant le courage! " (p 50).

"    Pour moi, toutes mes forces amoureuses se groupèrent, en ce temps de jeunesse et de délice, autour de la figure radieuse d'un enfant comme moi, que j'aurais aimé seulement comme un frère, si l'éclat de ses yeux et le silencieux appel de sa bouche ne m'avaient révélé, par delà les rêves, l'existence certaine d'un autre amour si lointain et d'autres joies, dont la seule pensée qu'il en tenait la réalisation possible dans sa chair me fut en ce temps-là si douloureuse et si troublante.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 

Depuis, j'ai vu chez d'autres maîtres qui tournent en dérision la simplicité des nôtres, et railIent leur croyances, d'autres jeunes hommes outrepasser sans rêves, ru même peureuses caresses, - brutalement ! -le droit imprescriptible à la beauté des lèvres et des yeux..." ( p 72)

"   Je n'aime pas les filles qui aguichent les brutes au 14 Juillet : ni celles qui vont danser avec des contorsions obscènes dans les "débits" de la place de la Mairie ou en face Saint-Paterne. Je n'aime pas non plus les filles des beuglants minables de ce pays-ci, ni d'Orléans où je suis allé, sur la place du Martoi, un jour, ni les beuglants de Paris où il y a des grands lustres à la lumière électrique. Je n'aime même pas Zézette que Mme Firmin enverrait bien dans mon lit, ce soir, si je voulais. -D'abord, il y a pour celle-ci la Loi et la Morale ! oh ! la Morale!... Je ne peux pas me marier à seize ans pour sauver la sauver, la Morale !... Je ne veux pas aller en prison non plus. Alors ? ... Moi j'ai peur de l'une, et l'autre je veux la respecter ; elle est bien trop vieille et laide pour que je la viole... Mais comment faire ? ... Sommes-nous grotesques et hypocrites ! " (p 181).

"    Bénie, ta chère tête bouillonnante de fièvre, mon Dédé chéri. Bénis tes chères menottes pâles dispensatrices de douces bontés ; tes yeux, tes grands beaux yeux, dont les seuls regards font remonter vers leur source les larmes prêtes à s'épancher, ou les font s'exprimer en sanglots apaisants ; tes lèvres, tes lèvres aimées dont chaque mot s'élève harmonieux et troublant comme la note d'un pur cantique, et qui console ; tout ton petit corps aimable, si beau parce que, sans doute, il se modèle sur les formes subtiles et parfaites de ton âme... Au moins, que les blasphèmes de ma bouche s'achèvent et se meurent, en te voyant, dans les bénédictions de mon pauvre coeur !

-  -  -

Je vois ta petite figure,

Triste et douce et pleine de larme.

-  -  -

Je t'embrasse -

Je soupire -

Je m'endors-  -,  -

Et je rêve

De Toi -

Mignon -

-  -

De Toi. -  -

-

" (p 213)... Un petit comble de mièvrerie, non ? Je ne connais pas l'explication des tirets.

"    A l'angle d'un cul-de-sac où pour la troisième fois je me heurte aux clématites d'une infranchissable grille, une silhouette svelte, bleue et blonde d'éphèbe : chapeau de paille à larges bords, vareuse bleue au col marin ouvert sur un maillot noir, pantalon bleu serré aux reins par une large écharpe noire dont les extrémités retombent sur le genou, espadrilles de toile lacées de bleu dans quoi se meuvent à l'aise des pieds de bambino. Un peu fantaisie, la tenue, mais le garçon est joli. Les vieux gondoliers de la Piazzetta font moins de cérémonies. Un peu fantaisie, certes; mais le tout est d'un négligé très peuple, et s'il y a -par surcroît quelque élégance, ce n'est pas que l'on ait voulu copier les livrées patriciennes, c'est que l'on a dix-huit ans, le pied sur, les gestes souples à la manœuvre, le corps pris dans un réseau de mâle assurance, le cou libre et, crânement appuyé sur la nuque. le chapeau qui fait une auréole à la jeune clarté du visage; aux yeux bleus hardiment fixés vers la pleine lumière; au front pâle doré de soleil sous les aigrettes d'or des cheveux; à la bouche rouge ouverte comme un écrin de velours sur les joailleries nacrées des gencives; au menton d'un fin ovale silhouetté ton sur ton contre la poitrine dont le blond hâlé s'avive à la lisière noire du maillot.

    Il passe. Je me retourne avec, sans doute visible, le regret de ne lui avoir pas demandé le chemin de ï Académie que je sais toute proche. Il se retourne aussi, s'arrête, s'enhardit jusqu'à venir à moi dont l'hésitation se meut, mal à l'aise à la fin, entre des grilles, des murs, et des passages sans issues, Du ton le plus naturel, laissant voir sous son chapeau qu'il enlève l'inouïe richesse de ses cheveux blonds:

- La gondola, signore?...

Mais avec dans la voix volontairement indifférente et dans les yeux rusés, comme l'aveu du mensonge mal contenu dans l'offre de sa gondole... Moi, brièvement:

- Non, l'Académie?

    Il me fait signe de le suivre. Nous tournons trois ou quatre fois dans le labyrinthe de ruelles où je m'étais enfermé; nous franchissons un rio sur un pont de marbre; voilà le Grand Canal, ici l'Académie. Il rit de mon étonnement ou se moque de ma maladresse ; peut-être les deux. Je ris aussi en cherchant l'inévitable piécette blanche. Le moment est favorable pour insister encore sans risquer un refus... C'est entendu, j'écourterai pour cette fois ma visite quotidienne aux chers vieux tableaux. Dans une heure sa gondole m'attendra au bas des marches qui plongent dans l'eau du petit canal, là près, à gauche de l'Académie...

    Toute la svelte personne du « gondoliere » s'allège de contentement; ses yeux clairs rient dans le soleil jaloux des touffes d'or que découvre encore son chapeau; toutes les lumières liquides des vaguelettes passent et demeurent dans ses prunelles bleues mouillées d'eau limpide.

    Beau masque!... " (p262 à 264). Mais toute cette partie vénitienne page 261 à la fin, p287, mériterai d'être ici.

 Paris : Ambert, 1901, 287pages. ( 17 01 2003)

 

 

 

L'Elu. Voir plus bas. Paris : Ambert, 1903.

Exclusif, L'élu, un de ses romans en ligne !

 

 

Les  Griffes. C'est un roman très confus où le style n'arrange rien à l'histoire, je ne m'étais pas ennuyé autant depuis longtemps en lisant un roman. En gros, Daniel se trouve à Tolède pour faire la cour en même temps qu'un jeune officier, Graciniano, à une sorte de Sainte vierge, Jacinta. Mais le bel officier à un demi frère qu'il ne connaît pas, Mérinillo, beau petit truand, accompagnateur de convoi. Il passe pour coucher avec la belle Sévilla, qui est en fait sa mère. Celle-ci veut se venger de son expulsion de la ville quand elle fut engrossée par le père de Graciniano, en rendant celui-ci amoureux d'elle et donc jaloux de son demi-frère. Elle réussit à rendre fou d'amour le petit officier, et faire en sorte que son fils déflore Jacinta ! Daniel dans tout ça tien un peu la chandelle à tout le monde, envoi le petit truand en prison, et sauve son ami du coup de poignard vengeur de Sévilla. Compliqué non ? Un peu un roman sur un sujet rarement abordé : comment les femmes voient dans les jeunes gens l'image de leurs anciens amants ... Je n'ai pas trouvé d'extrait très marquants. Cette petite note " "...à moins que ce "macho" n'ai tiré de l'enfer les deux yeux du réprouvé..." (note : Macho. -Mâle, étalon ; se dit du mulet placé en tête et qui dirige un convoi de mules. ) " (p 61).

"    Daniel n'atteignait pas au prestige élégant du jeune officier. Ses joues restaient lisses et blondes comme les beaux abricots poussés en plein air entre les oliviers des cigarrales, soigneusement cultivés hors les portes de San Marin. Aux confins de l'adolescence, Gracianiano portait en souhaitable trophée l'imperceptible duvet tombé des tempes claires et qui met aux joues pâles cette ombre dont jadis les garçons orgueilleux offraient aux dieux jaloux les heureuses prémisses. Les femmes aujourd'hui leur chuchotent tout bas le désir du fruit neuf que suscitent les yeux et la bouche inexperts de ces adolescents;" (p 65). Paris : Ambert, 1904, 287p. (17 Janvier 2003)

 Luc. Paris : Ambert, 1902. Nuit païenne. Paris : Ambert, 1907. Partenza... Vers la beauté !. Paris : Ambert, 1898.

 

dernière petite mise à jour : 23 8 2005

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