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LORRAIN, Jean (1855-1906). Une de mes passions : un de ceux qu'on appela les « fins de siècle » (XIXe), homo notoire et scandaleux. Peu de résumés ici, j’ai presque tout lu avant mes 20 ans !
Ecrits : C'est un grand bordel dans cette bibliographie (voir aussi celle qui est jointe) je vais essayer d'y remettre un peu d'ordre plus tard .... désolé ! Lettres à ma mère : 1864-1906. Paris : Ed. Excelsior, 1926, 185p. Tirage limité à 711ex.
Buveurs d'âmes. C'est aussi le titre de la première nouvelle de ce recueil de I5 petites histoires sans grand intérêt. A peine si "Ophélius" (p 135) vaguement homosexuelle peut être retenue. Rappelons que Buveur d'âmes s'applique à l'éther, dont la société "fin de siècle" était une grande consommatrice : "l'éther, elle me parlait d'éther, mais j'en avais tant bu, à m'enivrer et jusqu'à compromettre mon pauvre cerveau irrévocablement malade "(p17)."L’éther avait son charme enveloppant et grisant, son ivresse factice qui une minute semble vous faire renaître et revivre et console ; c'était bien une griserie d'éther, immatérielle, quasi-divine que m'apportait sa rencontre, mais comme l'éther, elle tuait en guérissant. " (p18). Mais si vous voulez mieux comprendre la présence de l'éther à cette époque lisez La Petite classe. Bibliothèque Charpentier, 1929. La
Petite classe. Un très bon Jean
Lorrain qui définit cette suite de petites scènes sur les babillages du
"tout Paris féminin" comme "une boutonnière de frivolité "
(l'envoi à Barres). "La petite classe ! C’est le nom charmant dont ce Jean
Lorrain qui y fait figure, baptise ceux et celles qui se piquent d'avoir les
opinions, les sensations, les enthousiasmes, les dégoûts, les frissons
artistiques les plus neufs." (p I, Barres).
La première partie
"Comtesse des Audraies, hiver de Nice", où Jean Lorrain finit sa vie,
est un petit régal. Tout le roman baigne dans une ambiance très "Montesquiou"(p261
par ex) : hortensias et orchidées, dominance de verts et de mauves, des
chauves-souris, le tout saupoudré d'anti-sémitisme, hélas assez courant à
l'époque, (p 264) du scandale de Panama et aussi de lui-même (p77) et de ses
contemporains : Abel Herman (p 264), Pierre Loti (p 90), Laurent
Taillade (p269), Oscar Wilde (p262)... Jacques Emile Blanche et la
célèbre peintre de fleurs de l'époque, Mme Lemaire, amie de Montesquiou
et dont j'ai oublié le prénom, qui apparaît ici semble-t-il sous le nom de Lucy
Tenner.
MADAME BARINGHEL, d'une voix défaillante.- Vous mon petit Chasteley, je vous en prie, courez vite chez un pharmacien me chercher un peu d'éther. CHASTELEY - Mais puisque c'est l'éther qui vous a fait mal. MADAME BARINGHEL, de plus en plus défaillante.- Chasteley, je vous en prie, de l'éther ! cela seul pourra me... (presque à l'agonie) De l'éther... Chasteley sort précipitamment avec un grand geste ; d'Héquivoch demeure auprès de Mme Baringhel, qui tourne de l’œil, de plus en plus blême... Silence et malaise. Rentrée précipitée de Chasteley, un flacon d'éther à la main. MADAME BARINGHEL, Se levant. Enfin ! (Elle s'empare du flacon, vide la moitié sur son mouchoir et se l'applique sur le nez et les lèvres.) Ca va mieux. Chasteley, mon ami, demandez un peu de gomme au garçon. CHASTELEY. -Garçon, une gomme ! La gomme servie, Mme Baringhel verse dedans le reste du flacon d'éther et le vide. Stupeur des deux hommes. MADAME BARINGHEL, tout à coup souriante et rose. -C'est fini, je vais tout à fait bien, maintenant. D'HEQUIVOCH. - Vous nous avez fait une peur ; MADAME
BARINGHEL.- Mais aussi songez quel supplice... cette dame à dix places de moi
maniant ce flacon d'éther depuis onze heures du matin et il en est quatre
maintenant, moi qui l'adore, qui ai failli mourir et qui suis parvenue presque
à Notez les formes du style de l'ouvrage, avec rappel du décor et des actions comme dans une pièce de théâtre. Référence de lecture : Paul Ollendorff, 1895. Photos de cet extrait : Antonitch le lutteur, et Gouleau, le gymnaste amateur. Revue : La Vie au Grand Air, 20 Nov 1902.
Maison pour dames. Une très agréable nouvelle sur le tout Paris des lettres. Une provinciale, belle et avenante, avignonnaise femme de fonctionnaire, gagne grâce à un texte plutôt osé, le concours de poésie d'une revue à la mode. La voilà dans le tourbillon des turpitudes et de la célébrité, auquel elle va savoir mettre fin. Déjà le nom de "kodaquer" pour photographier p 45. Un aperçu du monde interlope avec une journaliste lesbienne, et un chroniqueur pédé : "Cette chère Comtesse des Glaïeuls est un petit monsieur boutonneux, pustuleux, bas sur pattes, qui se hausse sur des talons de quinze centimètres. On l'appelle les Bottes de sept lieux. Fielleux, venimeux, il rédige les échos mondains au Scandale et les modes au Laurier. "(p66). Référence de lecture : Bibliothèque Albin Michel, 1990. Photographies de Billy Papke et Stanley Ketchel, qui combattaient pour le championnat du monde des poids moyens, en 1908. Photos extraites de La vie au grand Air, N° 523, 26 Sept 1908. Ellen. Une suite de petites nouvelles entre poitrinaires et drame historique. Venise semble le point de réunion entre ces écrits très mineurs. Un relent d'époque I900 et de voyage en Italie, de peur des grèves, d'automobiles :" Moi, l'ennemi juré de l'automobile, l'irréductible adversaire de la vitesse, qu'il n'y a pas deux mois déclarés le plus stupide et le plus malfaisant des sports, me voilà devenu un fervent des Bouton-de-Dion et des Panhard ". (p69). Bof, bof, bof... Pierre Lafitte et Cie. 1911. Fards et poisons. Paris: P. Ollendorff, 1903.Histoire de Masques. Albin Michel. Monsieur de Phocas. Albin Michel.
Le Crime Le Tréteau. Paru d'abord en 1906, sous une couverture très évocatrice d'Orazi, réédité dans le livre moderne illustré, illustré par Maurice Albe, en 1941, 190p. L'Ombre ardente. Poésie. Bibliothèque Charpentier, 1897, 259p. Poussière de Paris. Albin Michel. Princesses
d’Ivoire et d’Ivresse. Albin Michel. Hélie, garçon d'hôtel.
Paris : Paul O Monsieur de Bougrelon. Albin Michel. Lettre au Docteur Tartarin.
s.l. (Reims) : À l'écart, 1991. Monsieur de Pordenone. 1987. Fards
et poisons. Paris: P. Ollendorff, 1903. L’Ecole des vieilles Femmes.
Albin Michel. La Maison Philibert. Albin Michel. L’Arienne. Albin
Michel. Propos d’âmes simples.
Albin Michel. Maison
La
Dame aux lèvres rouges / préface et choix de Francis Lacassin. Nouvelle parue du 10 au 20 mars
1888 dans l’Echo de Paris et qui sert de titre à un recueils de celles qui
seront les plus significatives des 40 données à ce journal. Souvent le cadre de
la nouvelle est le même : Dans une soirée ou à un repas, quelqu’un raconte
une histoire vécu ou une anecdote : les deux moments se superposent ainsi,
celui du conteur et celui du conte. Quelles qu’allusions homosexuelle sans
plus, dans Jones Aïssé, favori d’un Bey de Tunis, et Ophélius. Le passage le
plus marquant étant celui-ci : « C’était dans la salle de bal, au
milieu de la cohue des danses et des masques : dans un des coins la foule avait
fait cercle
Correspondances : Lettres à ma mère : 1864-1906. Paris : Ed. Excelsior, 1926, 185p. Tirage limité à 711ex, pour le tirage avec des fac-similés, il existe des éditions sans.
Etudes : Jean Lorrain / par Georges
Normandy. « J'ai couché cette nuit entre deux débardeurs//qui m'ont
débarrassé de toutes mes
Ed. Vald. Rasmussen, 1927. Jean Lorrain par Pierre Kyria Jean Lorrain; bibliographie critique illustrée d'un portrait-frontispice et d'un autographe suivie d'opinions et d'une bibliographie / par Ernest Gaubert. Une petite oeuvre flatteuse sortie chez notre éditeur gay de l'époque, Sansot, dans la série "les célébrités d'aujourd'hui". J'ai noté pour l'homosexualité -bien que peu évoquée ici- un petit texte avec des auteurs peu connus : "Peintre des exceptions, M. Jean Lorrain ne fait guère de différences entre le vice et la névrose. On l'en a blâmé à tort. Maudsley déclare en effet qu'il n'y a pas de ligne de démarcation entre la sanité et l'insanité (le Crime et la folie, p 39), Esquirol (Des maladies mentales I, 1) et Cullere ( traité des Maladies mentales et Les Frontières de la Folie, pages 53, 92, 121), après Moreau de Tours et Morel, corroborent l'opinion du célèbre professeur de médecine légale à University-Collège." p 14. Et en note après cet article : "Nous citons ici l'opinion des auteurs à la mode à l'époque où Mr Jean Lorrain commença à écrire. Aujourd'hui il faudrait aller rechercher l'opinion de Krafft-Ebbing, Raymond, Déjerine, Grasset, etc...." (p 14, note). Paris : Sansot, 1905, 64p. L'autographe reproduit dit : Paris, ce 14 Août. Paris est la vile empoisonnée.. aussi l'ai-je quittée avec joie et suis-je heureux de vivre loin de ses petites intrigues et de ses menus complots, au bord de la Méditerranée, au soleil !
J'étais prisonnier à Paris et, comme les détenus, je m'y aigrissais et m'y pourrissais Maintenant que la santé morale m'est revenue avec la santé physique, j'ai tout oublié Le Mal dont j'ai souffert s'est enfui comme un rêve. JL Jean Lorrain ou le satiricon 1900 / Philippe Jullian. Paris : Fayard, 1974, 311p.(1 12 2003)
Ses rapports avec Yvette Guilbert et ses essais de chansonnier / Pierre Philippe. Article de presse. Le Monde, 31 juillet 1998.
Petit extrait de : Michel Georges-Michel, En Jardinant avec Bergson... Ses chroniques et interviewes parues de 1899 à 1926 dans différents journaux. Albin Michel, 1926, 349p . p 248 :
" Au Marché aux fleurs... et au Poisson avec Jean Lorrain La reine ayant été signalée au marché, tout Nice y est descendu en tralala, en robes blanches, en chapeaux de soie ou même en pyjamas, mode américaine. A l’entrée de la vieille ville, entre la place et le port, sous le soleil, au pied du Mont-Boron, déjà vert et roussi, éclatent les étals. - Hé! les mimosas d'or. Monsieur.
Respirez- les. Vingt sous l'arbre. Ou bien ces œillets. Dix sous la douzaine.
- Hé! Ils sont teints, tes œillets. On dirait de la pharmacie. - Teints? Pas ceux-ci, toujours. C'est des vierges, c'est sûr. Respirez-les... - Porter, Monsieur? Ah! la « Portereis », chantée par Lorrain. La belle Italienne aux yeux noirs, aux jambes fermes sous les hanches roulantes. Je me retourne. Ah! farceur! Ah! poète! ... Elles sont toutes vieilles, fripées, ridées, les « portereries », basses sur reins et en jupons de tricot sale. - Jean Lorrain? Vous Ie connaissiez, Monsieur ? Eh! venez que je vous conduise à travers le marché aux poissons, vers La Noire, celle avec qui il s'est battu à coups de limandes sur la joue... Elle vous racontera. Et je suis la « portereis », peut-être celle-là même qu'il décrivit avec tant de chaleur, de couleur et d'amour! Car c'est peu souvent qu'il raconta une conquête féminine!
- Té! le Jean!... Qué raclée. Ah! tu veux l'histoire? Et bien voilà. A propos de rien on s'est mis à s'empoissonner; des mots d'abord, puis des gestes, puis comme il disait des choses que je ne comprenais pas, je prends une limande par la queue, je la balance. - Essaye, la Noire, qu'il me dit... - Ah! tu me défies! Tiens, mon brun!... Et je la lui envoie, colle comprise, sur la nuque! - Salaude ! qu'il me fait, le mouchoir dans les dents. Et il plonge son bras dans la cuve, et d'une anguille il me frappe comme d'un fouet. Ah! je me mouille de frai. Et frotte sur la moustache. Ça « glue », tu sais, le frai. Je lui en mets sous le nez, dans les yeux, fourre le col et la cravate. Il se renverse dans son beau complet à carreaux; les yeux hors la tête, le menton serré, la poudre enlevée, il est prêt à pâmer. - Attends, garce, qu'il dit. Tu n'auras pas le dernier mot. Il s'en va, et il revient une demi-minute après. a gueule toujours barbouillée. mais suivi de quatre ou cinq « portereis », chargées de corbeilles pleines de fleurs. Et voilà qu'il en prend un panier et me le renverse sur la tête, et un autre, et encore. Et j'en étais asphyxiée de senteurs, quand il m'embrasse, sur la bouche, oui Monsieur, il m'embrasse sur la bouche et s'en- sauve. Le lendemain, je lui ai envoyé un panier l'huîtres. Ah! c'était un homme!... » Et « La Noire » passa sur sa moustache un doigt où brillait une écaille (1). (1) Voir, du même auteur,La Vie sur la Riviera et en Italie. " Voir d'autre livre de Michel Georges-Michel
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