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Jacques Ars

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- Rachilde -

 

Le bouquiniste en Inde...

 

RACHILDE, (1860-1953). Romancière, née en 1862 à Château-Lévèque, elle est liée au symbolisme et au Mercure de France, dont elle avait épousé le directeur : Alfred Valette. Petite fille d'officier, elle fit vite scandale dans la littérature avec Monsieur Vénus qui parut en 1889. Extravagante, souvent vêtue de rose, dénichant des talents, comme Carco, elle mourut à Paris dans l'oubli en 1953. Elle a aussi écrit sous son anagramme : Jean de Chilra.

Michael F. (québéquois ce qui nous vaut ce bled !) me précise : Rachilde est née le 11 février 1860 à Cros (trou en patois), bled entre Château l’Évêque et Périgueux.  Monsieur Vénus a été publié en juin 1884 par Auguste Brancart à Bruxelles; première édition française 1889 avec préface par Maurice Barrès qui aimait le roman et en avait aimé l’auteur, lors d’une brève liaison en 1885.( 17 1 2006)

 

Tous ceux qui adorent comme moi les "fin de siècle" connaissent au moins le Monsieur Vénus ou les Hors Nature. Pour mon plaisir, d’autres romans.

Ecrits :

Monsieur Vénus.   Avec ce livre il faut toujours garder en tête que la publication date de la fin du XIXe et qu'il a été écrit par une jeune femme, fille de militaire. Raoule de Vénérande tombe amoureux, au masculin, d'un jeune ouvrier splendidement féminin : "par instant, ses dents se montraient si blanches à côté de ses lèvres si pourpres qu'on se demandait pourquoi ces gouttes de lait ne séchaient point entre ces deux tisons... Le cou avait un petit pli, le pli du nouveau-né qui engraisse" (p.29). "Une chute de reins où la ligne de l'épine dorsale fuyait dans un méplat voluptueux et se redressait, ferme, grasse, en deux contours adorables" (p.39). Elle fera de son Jacques son objet de plaisir, son dominé. Travestissant les sexes, Jacques cherche une expérience sexuelle avec l'ami de Raoule, le comte Raittolbe, et précipite sa fin... Une petite perle : "Vierge Marie, on n'a jamais entendu dire qu'aucun de ceux qui ont eu recours à vous aient été délaissés... [Mais] lui a-t-on jamais demandé de changer de sexe?" (p.99). Flammarion, 1926. Dans un article paru à sa Mort, le Figaro du 6 04 53, Georges Duhamel rapporte ce propos « Verlaine, après avoir lu je ne sais plus quel livre, Monsieur Vénus, peut-être, lui avait dit ces mots que je cite de mémoire : « On prétend que tu as inventé un vice nouveau. Si c’était vrai, cela se saurait… ».

réédité dans plusieurs collections

Duvet d'ange.   Un jeune homme, secrétaire, qui fréquente... Rachilde. Paris : Editions Albert Messein, 1943, 200p.

La Haine amoureuse.

Le Château des deux amants.  Une histoire d’amour entre une jeune américaine échevelée, une petite bonne normande et un vieil intello parisien, en retraite sur les plages de  Dieppe, écrite avec une réelle perfection de style à la Colette. « Oh que la brise est donc salée, cette nuit ! Elle met sur les lèvres une âpreté bizarre, le goût acidulé d’un fruit marin ayant poussé sous les vagues, le fruit inconnu ou le fruit interdit ? N’est pas, plutôt, ce goût de la mort fraîche qui est dans tous les jeux de l’amour ? » (p 133). Paris : Flammarion, 1923.

La Souris japonaise.

Les Rageac.  Petit roman indispensable à la connaissance de Rachilde, puisqu’il est en grande partie auto-biographique : Ses parents et la vie de caserne sous le 2nd Empire, et son adolescence de petite fermière dans le château familial de l’Armagnac. Et déjà toutes les marques de son indépendance future dans la dédicace : « Au héros qui m’aurait défendu d’écrire » (p 5). Référence de lecture : Paris : Select-collection, Flammarion, 1921.

Le Grand saigneur.

Alfred Jarry ou le Surmâle des lettres. Ses souvenirs sur Ubu. Paris : Grasset, 1928.

L'Hôtel du Grand Veneur, (suivi de) La Maison Vierge. Bof, rien de bien remarquable dans ces deux petites nouvelles qui tournent autour du mariage et des pulsions sexuelles des jeunes filles qui s'ennuient... Une jeune épousée, au début d'une lune de miel déplorable, espère le grand amour avec une rencontre de passage, un vicomte "de fées" qui y  renonce. Et pour la deuxième histoire, une duchesse énamourée qui s'ennuie se fait sauter par un madré braconnier, (souvenir d'enfance de Rachilde ?). Et le duc récupère une poule pleine. Fin de l'histoire. Référence de lecture : Férenczi,1922. 

Refaire l'amour.   Un titre à prendre dans le sens de  "réinventer" l’amour. Une histoire simple de peintre quadragénaire qui s’attendrit sur la pureté d’un modèle qui lui rappelle son grand amour. Un modèle qui est "une petite femme de genre mixte, entre la bourgeoise pauvre et la sortie de l’atelier musarde, une de ces plantes du pavé de Paris non classées dans l’herbier du trottoir, qui ne sont rien encore qu’une fleur à cueillir et qui retombent fanées par un soir de soleil trop artificiel" (p.18). Le tout dans un Paris très trente : "j’ai entendu, dernièrement, chez une bourgeoise très collet-monté, son fils répondre, parce que sa mère le pressait de se marier, d’épouser la charmante jeune personne moderne qu’elle lui prônait comme la meilleure des "garçonnes" : "Non, maman, n’insiste pas, je ne suis pas pédéraste". J’ai filé pour ne pas pouffer devant cette vieille dame fort comme il faut, qui allait certainement me demander ce que le mot voulait dire" (p.97). Dans cette histoire pure, évidemment Rachilde a placé une scène de zoophilie au bois de Boulogne avec un cocaïnomane (p.105). Référence de lecture : Le Livre moderne illustré, 1938.

Madame de Lydonne, assassin. Pas encore du grand Rachilde, toujours cette aristo hors temps, hors problèmes, qui reçoit et tombe amoureuse  de son neveu pilote d’avion. Mais elle a recueilli chez elle un nain de cirque, plus proche du singe que de l’humain et qui est aussi secrètement amoureux d’elle. Jaloux, il tente de la tuer, et c’est elle qui l’assassine ! Chaussures « «  Non, madame, depuis la guerre nous ne faisons plus de 35 ! » La guerre aurait-elle donc remis les choses et les gens sur un si grand pied que de pauvres vieilles dames, chez qui rien n’a augmenté, pas même la pointure, ne peuvent plus se chausser du tout ? »  (p 22). La mode garçonne : « «  Mais il paraît que Mlle Navette, de l’Empire, s’est fait réduire les seins car, madame sait que les seins ça ne se porte plus. Le courtier m’a raconté ça aussi et il m’en donnait la chair de poule. On prend l’objet, on vous le fend en quatre et on le presse, en ayant soin d’en relever le bout pour le rajuster en temps voulu et puis ça se cicatrise tant bien que mal, on le farde un peu en y mettant des veines bleues, ce qui fait plus nature et on rabat le bout… on reboutonne, quoi ! (Ici, l’étourdie eut un rire étouffé.) Mais on peut rajuster ça de travers, de sorte que, j’en fais mes excuses à madame, ils sont dans le cas de loucher… rapport à la différence ! » » (p 102). Paris :  Ferenczi et fils, 1929.

Contes et Nouvelles.

Dans le puits.

Le Dessous.

L’Heure sexuelle. Un peu compliqué à suivre cette histoire d’un écrivain « léger » vivant tranquillement entre ses deux maîtresses, et qui tombe amoureux d’une prostituée qu’il va identifier à Cléopâtre (elle fait l’amour ici avec un tigre, p 124). Il pousse le vice de son amour en le laissant chaste, et ses deux maîtresses deviennent amantes et la pute rejoint son Jules. « Apporte-moi les deux clefs pointues de tes seins pour les mettre entre les deux tendres serrures de ma poitrine ». (p 11). « Quant à Hector, je lui en passe parce qu’il est poli, seulement j’ai idée qu’il doit être symboliste ou…pédéraste, car il ne serait pas toujours habillé de noir et ganté de blanc comme une lettre de faire part ! » (p 82). Et puis une petite réflexion qui est sans doute très proche de la nature profonde de Rachilde : « mon Dieu, qu’on s’amuse bêtement dans la vie dès qu’on cesse de faire de la littérature ! » (p 265). Mais enfin, puisque cette édition est imprimée par les sourds-muets ! Paris, Mercure de France, 1921.

Une édition, chez les éditions Baudinière, à Paris, « texte remanié », est illustrée de gravures de J. C. Berlandina ►. Sans date.

Les Hors nature.  Présentation de Jean de Palacio Ed. Séguier, 1994.

L’Imitation de la mort.

La Jongleuse.  Présenté par Claude Dauphiné. Ed des Femmes, 1982.

Le Meneur de Louves. Quand la France  a fêté il y a peu les I500 ans du baptême de Clovis, on a cité ce roman comme un des rares se passant à la fin du Vième siècle, quand l'Eglise essaye de récupérer ce qu'il reste de l’Empire et que les francs s'installent. Rachilde revient ici sur la mythologie de la fondation des grandes abbayes qui rayonneront pendant tous les siècles qui suivront, en appuyant son récit de citations de Grégoire de Tours. Nous sommes loin d'une vision académique de la vie des saints, très loin même, pour cette abbaye de Poitiers. La description de sa fondation ressemble plus à la création d'un paradis saphique, (comme le jardin rue Jacob de Natalie Barney), et sa reprise en main par Basine, fille du Roi Childéric et son amoureux transi Harog, "meneur de louves", plus à un glorieux bordel de  guerriers.  Rachilde règle là sans doute quelques comptes avec la curaillerie de son époque. "Peuple d'Israël, ce qui vit est seul respectable, et les paroles de morts, les gestes de pénitence empoisonnent l'âme, pourrissent le corps". (p 193). Elle a sans doute toujours cru que pour rester vierge, il fallait être lesbienne : " Ah ! dit-elle, si tu n'étais pas un homme, je t'aimerais, car tu me déplais point ; seulement tous les hommes me causent un dégoût pareil à l'envie de rejeter mes aliments. Par grâce, puisque nul ne me sauvera de tes bras, fais vite, durant que je fermerai les yeux. "(p163). Mais ce n'est certes pas le meilleur de Rachilde. Bibliothèque Plon. 1925.

La Sanglante Ironie.

Son Printemps.

Théâtre.

La Tour d’amour.   Le Jean Maheu, chauffeur sur un vapeur des Ponts et Chaussées, veut gagner la "mer ferme" (p.6) en devenant gardien de l’Armen, le phare du bout du monde, la "Tour d’amour" au large de Brest. Habillé "d’un surcot neuf d’ordonnance, tout brun luisant, des pantalons de treillis à jambières de cuir, avec, acheté dans un bazar de Brest, un beau béret bleu à pompon large comme un chou" (p.2), il rejoint le gardien en chef du phare, vieux fou nécrophile à ses heures, qui "se coiffait soigneusement, rabattant ses oreilles de chien noir, ses oreilles de loup, sur ses oreilles humaines, [qui] paraissait ainsi plus vieux et plus jeune, mêlant à sa figure nue de vieille soûlarde un air de coquette qui marche pour un bal, s’encapuchonnant d’une capeline très ridicule afin de ne pas gâcher l’édifice que lui a bâti le coiffeur" (p.169). Un des meilleurs romans de Rachilde. Georges Crès, 1916.

La Princesse des ténèbres.

Le Théâtre des bêtes.

Madame Adonis.

Les Voluptés imprévues.   Certes, pour lire Rachilde, il faut aimer Rachilde. Cette femme hétérosexuelle est fascinée par l’homosexualité, fascinée et excitée, presque prête à tout pour que tous les hommes couchent entre eux... Ici, un très beau jeune homme équivoque, "Il portait un joli costume gris-souris, des manchettes bleu-pâle, un plastron flou de même nuance boutonné de trois turquoises et il risquait, ce soir là, des souliers en veau bleu marin, d’un lancement un peu difficile" (p.48), vit une histoire d’amour sans sexe avec un vieux marquis sportif, qui ne désire qu’un amour strictement filial. L’ambiance, dans les milieux interlopes du "Bœuf sur le toit", ici appelé "La Vache dans le jardin", se tarabuste quand l’adolescent se révèle un pédé intéressé. Une petite image sur les homophobes : "celui qui condamne ou proclame a toujours tort, mais les pierres que l’on jette dans le torrent ne produisent qu’un effet certain : elles font monter l’eau en cascade et en accélèrent le cours, sinon les ravages" (p.169). Férenzi & fils, 1931.

L’Amazone rouge. On retrouve dans ce roman les décors de l’enfance de Rachilde dans le Périgord. Une famille d’aristocrates pauvres, vivant du seul plaisir de la chasse dans un château aussi humide que celui du père de Rachilde. Le père est sévère et lointain, le fils, lui, tombe amoureux de sa sœur. Découvrant l’amour à l’extérieur, elle profite d’une chasse à cour pour le tuer. Les amateurs de la région retrouveront une recette de châtaignes pour le petit déjeuner, sur un fond de pommes de terre brûlées qui les surprendra, (p17).

Librairie Alphonse Lemerre, 1931. Envoi reproduit ici : « Félix Bonafi, avec des histoires de mon pays, le Périgord. Rachilde 1948 ».

La Femme dieu. Toujours dans ce Périgord natal, une fille noble doit épouser un vieux voisin. Elle a pour précepteur un beau curé qui a un frère ex-taulard dont elle tombe amoureuse. La fin confond et le frère et le curé. P. 74, vous retrouverez la recette de la soupe aux corbeaux. P. 228, une attaque contre la chasse : «  il est inadmissible que l’on permette de tuer pour le seul sadisme de le faire ou pour contenter les appétits de la gourmandise humaine qui sont illimités, car ils vont de la brochette d’ortolans au gigot de nègre ! ». Et p. 242  la bêtise paysanne : « Il n’est pas défendu, n’est-ce pas, de spéculer un peu sur la crédulité du populaire, lequel préfère encore dépenser moins sans se guérir à ne pas se guérir en dépensant plus. » CQFD. Ferenczi, 1934.

L’Homme aux bras de feu. Roman très mal écrit et mal conçut ; Une vague histoire de Philippin qui se fait arrêter après avoir noyé le cadavre d’une princesse déchue qui lui laisse ses bijoux, (qui, gardés sur ses bras, donne le titre à ce roman). Il s’évade de Brest visiblement. Puis une actrice se fait faire la cour par un marquis breton réchappé d’un accident de sous-marin pendant la guerre de 14, (p 171), un jeune marquis tout fou, sans doute le neveu de l’homme qu’a assassiné pour s’évader notre Philippin… bof. Et on le quitte en travesti de Kali, sans avoir plus compris le lien et l’histoire ! qq. extraits : « Malgré la généralisation des partouzes, il en restait encore que cela embêtait ferme. On apercevait des masses gélatineuses très endiamantées qui collaient comme des méduses sur des jouvenceaux sans expérience, et des crânes chauves devenant peu à peu cramoisis de honte » (p203). « Il tombait de la lune ce grand pierrot-là et s’il possédait une auto de course qui lui permettait d’échapper à tout contrôle, de demeurer au diable, il ne se servait même pas d’un chauffeur qu’on aurait pu faire discrètement interroger par la femme de chambre, l’habilleuse ou la cuisinière. Ce n’était donc personne … »(p159). Paris : Ferenczi et Fils, 1930.

Quand j’étais jeune. Des souvenirs de sa jeunesse et de ses débuts à Paris. Les plus émouvants sont ses rapports avec sa mère, complètement folle, qui va voir ses premiers éditeurs en disant que ce n’est pas elle qui écrit mais quelqu’un d’autre… En fait un esprit, car pour débuter en littérature, elle avait fait croire à ses grands-parents, spirites, (chez Flammarion, p 145) que c’était un esprit qui lui dictait ses contes ! D’ailleurs, la lignée maternelle, descendante d’un presque-évèque, archi prêtre,  s’étant marié sous la révolution, (p 70) se croyait damnée et vouée à être des Loups-garous (p 53). La bâtardise de son père, fils d’un marquis qui n’avait pas pu le reconnaître car sa mère ne voulait que du mariage, n’a pas arrangé les choses !  Bref, des souvenirs de Jean lorrain, Paul Verlaine, Victor Hugo, Sarah Bernhardt… Sur Jean Lorrain, pour un bal costumé où il lui fait le coup de faux policiers :  « Moi (Jean Lorrain), un maillot d’un rose violent et un cache-sexe en peau de panthère que je trouverai chez un lutteur de Marseille. Une entrée sensationnelle, mon cher ! Je te porte à califourchon sur mes épaules et … (gravement) : tu mettras un maillot aussi, bien entendu !… » (p 25). Paris : Mercure de France, 1948, 170p.

La Femme aux mains d’Ivoire. Le livre moderne illustré, Ferenczi et fils, illustrations de Claude René-Martin, 1937, 159p. Les éditions des portiques, 1929, 252p.

l'Anneau de saturne. Portraits d'hommes. Feux d'artifice

L'Autre crime / préface de A-Ferdinand Herold. " Le premier roman policier qui sera le dernier...espérons-le. Affectueusement, Rachilde, 1937" dédicace de mon exemplaire à Alain Brossard." Paris : Mercure de France, 1937, 2286p

Pourquoi je ne suis pas féministe. Paris : Editions de France, 1928, 87p.

Les Crocs. Paris : Les œuvres libres, Arthème Fayard, N° 123, Août 1931, p 5 à 72.

 

Études :

Rachilde / par Claude Dauphiné. La vie de Marguerite Eymery, périgourdine née au Château de Cros, près de Château l’Evêque. « «  Je n’écris pas pour arriver, ni pour plaire, ni pour gagner de l’argent. J’écris pour m’amuser. (…) Je ne fume pas. Je ne bois pas. Je ne pratique ni l’adultère ni les stupéfiants. Je ne joue pas du piano et je ne m’occupe pas de politique. Je n’ai reçu aucune mission, pas plus de mes parents que mon gouvernement. Je n’ai pas envie d’obtenir des distinctions honorifiques ni même d’aller en prison. Je vis comme ça, sans bruits, en flairant la vie, de loin, avec la prudence d’un animal qui n’y comprends pas grand’chose, mais qui a la curiosité de voir. (p272) » ». « Ce qui la passionne, comme aujourd’hui Dominique Fernandez, c’est davantage le mécanisme cérébral de l’homosexualité, l’histoire aussi de ceux ou de celles qui masquent leur vraie nature sexuelle, que les réalités charnelles et les évocations érotiques auxquelles elles donnent lieu. Rachilde aurait sans doute aimé Le Rapt de Ganymède (1989) et encore davantage Porporino. » (p326). C’est l’ opinion de CD, je ne la partage pas :  cette femme, toujours en boîte jusqu’à des pas d’heure entourée de minous, (p141), n’avait certainement pas  l’ennui du martyre et la douleur mortelle qu’affiche toujours Dominique Fernandez. Mais n’en faisons toutefois une femme parfaite : comme beaucoup de femmes elle reste critique vis à vis des homosexuels  « Et si on savait exactement où en est l’histoire de ce crime contre l’espèce les aimables brutes qui nous gouvernent auraient probablement le vertige. On a ri des anglais qui lourdement, par la main d’un grand seigneur, ont frappé le vice en question : les anglais avaient raison. Mieux vaut une morale hypocrite que pas de morale du tout et, les vicieux en question étant presque tous des lâches dont la lâcheté peut atteindre les plus extrêmes limites dans le grotesque, on ferait peut-être bien de leur mettre, de temps en temps, le nez dans leurs ordures…car ce ne sont pas seulement des fous, des malades, ou des naïfs, ce sont des criminels nés, dangereux. J’ai dit à propos de Gide, ce que je pense. Quiconque lira cette enquête sans parti pris verra que je suis le seul qui ose…et pourtant, je m’en fiche, moi, de la morale courante ! (lettre du 17 2 31). Ah quand les vieilles vieillissent mal, très mal… D’ailleurs Rachilde ne survivra pas « politiquement » à la guerre de 14. Elle rata le féminisme, Proust, Gide,  fut nationaliste quand le monde était pacifiste, anti-surréaliste, et chauvine jusqu’à parfois friser l’anti-sémitisme : bref une femme « 1900 » (p 369) qui n’a pas su se taire quand son époque était finie. Mercure de France, 1991.

 

divers :

Préface de Rachilde dans Souris l'Arpète, d'Afred Machard. Petite préface sans intérêt sur les jeunes filles pauvres qui rêvent au princes charmants. Un roman sur les jeunes arpettes que draguent de vieux messieurs... bof bof bof. Paris : Mercure de France, 1914, 198p.

Fantaisie-Préface dans  La Dernière Bohème, Verlaine et son milieu / de Lucien Aressy. Voir VERLAINE Paris : Jouve et Cie, 1944.

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Petit article paru dans Le Cri de Paris du 19 5 1939. par Michel Georges-Michel.

"AU BALCON DU CLUB " Rachilde chez Sidonie Baba

Ce coin de Paris est plein de boîtes à chansons. C'est un peu supérieur, ici, à ce qu'on chante à Montmartre, ou, si l'on préfère, c'est autre chose. Pas de couplets ressassés sur les contributions, Mlle Cecile Sorel ou les ministres en cours.

Par exemple, sur son estrade, Mlle Suzy Solidor, qui vient de publier un livre invisible, chante les poèmes perdus et éperdus d'Haraucourt ou des lieds de Maurice Rostand. Au Bosphore, on a engagé Mlle Assia de Busny qui, loin des couplets pour midinettes sentimentales, chante du Mozart et du Chopin. Et Mlle Sidonie Baba, que nous présenta naguère Mme Yvette Guilbert elle-même et que patronnent Rachilde, Titayna et Régina Camier, a ouvert un cabaret grand comme sa main, qui est petite, et qui s'appelle l'Heureuse Galère. Cela ressemble un peu à un théâtre japonais, avec son estrade basse et son parterre serré. Mais c'est, je vous prie de le croire, un spectacle pour grandes personnes. La soirée débute par les chansons détaillées par Mme Diana Staub. Mme Diana Staub est une longue dame qui, au piano, ne semble que décolletée, mais qui, lorsqu'elle est debout et 'Veut bien nous faire la grâce de nous tourner le dos, nous le montre, reins compris, et ce n'est pas si mal. Elle nous amène un bon chansonnier, Clary, et une comédienne bien humaine, Mlle Herviale. Et il y a un entr' acte au, cours duquel M. Serge. qui est dans la salle, avale des cigarettes enflammées. Mais bientôt on tape des verres sur la table, des pied sur le plancher, des mains sur les genoux de sa voisine, et l'on crie: - Sidonie... Sidonie... Sidonie.."

Car Sidonie Baba est déjà populaire dans son cabaret, et dès le premier soir. La voici. Elle a la tête de Sarah-Bernhardt jeune et une robe de débutante au bal. Elle demande d'abord: - Qu'est-ce qu'on me veut? Et comme le peuple allemand devant Hitler ou la foule romaine devant le Duce, on applaudit et on lui crie: - Chante !... Elle sourit, met un doigt sur son front, lève une jambe et commence: - J' m'appell' Sidonie Baba, C'est le nom de mon papa Alors, on entend un formidable éclat de rire parti d'une loge. On se retourne. Un bel éventail comme en peignait Chéret cache une figure aux yeux de chat et qu'il découvre lentement. C'est Rachilde, la Rachilde du Mercure de France, et qui, elle, publie cette semaine son soixante-quatorzième roman, l'Anneau de Saturne. - Va, continue, mon petit... Et après « Mon nom », ce sont des chansons de Meusy, de Grivot, de Bérenger même, de Pierre Lagarde (Ah! le brillant capitaine !) Tout à coup, Sidonie est interrompue. Une voix crie: - J'ai trouvé ! La salle, une fois encore, se retourne.... - C'est Judic !... accuse la voix. - Qui est Judic, Madame Rachilde? demande-t-on. - La petite. C'est Judic à vingt ans. Qui a connu Judic, ici? Quoi! Il n'y a pas un vieux monsieur?.. Car aucune dame n'avouera. Alors, zut! moi non plus, je n'ai pas connu Judic. Continue, petite. Dis-nous le Bal des Trois Chandelles ou le Petit Mari. - Je vais vous dire une chanson de Rachilde. - Ça, je te le défends. On est ici pour rigoler.

- Alors, Madame Rachilde, vous ne voulez pas, vous, nous chanter quelque chose? Le beau rire reprend, qui secoue l'éventail, la loge, la salle entière et même M. Pierre Bertin sur son fauteuil. La foule crie: - Rachilde! Rachilde! L'écrivain lève son verre, doucement. Et c'est pour quelques amis seulement, une heure plus tard, le long de la Seine comme jadis Alighieri le long de l'Arno, que Dame Rachilde nous dit des vers de Moréas, de Verlaine et de Paul Fort, qu'elle seule connaissait, Sidonie Baba dansant sous la lune, quelques pas devant nous. (23 1 2004)

J'ai régulièrement des rentrées de Rachilde à vendre sur la bouquinerie... n'hésitez pas à aller voir !

RACHILDE ET ANDRE DAVID. Le Prisonnier. Une histoire encore très homosexuelle et même ouvertement homosexuelle : un moine défroqué, philosophe, a été choisi par un jeune fils de famille pour être son mentor. L'homme en tombe amoureux mais veut laisser cet amour pur, alors que l'éromène serait beaucoup plus demandeur : "Je suis à vous comme vous êtes presque à moi. On s'est voulu, je pense, de toute éternité. Vous vous donnez l'apparence de me mépriser parce que j'obéis à la plus impérieuse des lois de la nature, la seule, la meilleure, tout ce qu'elle nous a laissé de vos fameux temps préhistoriques ? Depuis que je suis au monde, je cherche à m'offrir, dans toutes les circonstances, et sous toutes les formes, la plus grande somme de volupté... Or, vous m'avez condamné, hier soir, à la moindre... le remède qui n'est pas la santé, cher maître" (p76). Le professeur : "J'ai marqué ce garçon du sceau de mon désir. Loin d'en faire mon prisonnier, c'est moi seul qui, rivé à son indispensable présence, peux souffrir de son absence ou me réjouir de le sentir près de moi. Mon corps, mon cœur, mon esprit sont enchaînés à son printemps qui embrase le sang de mes veines. Sa parole, sa démarche, ses mouvements sont les soucis capitaux de ma vie. Tous mes sentiments, comme les cireuses alvéoles qui composent une ruche, besoins matériels d'argent, art, ambition, désirs, envie de gloire, mysticisme, se groupent autour de "son nom", tels que des malades frileux dans le rayonnement d'un climat qui réchauffe leurs os." Quelques réflexions d'époque : "tous les corps sont électrisables par frottement, à la seule condition  que les deux surfaces frottées l'une contre l'autre soient de nature différente. Mais est-il nécessaire pour cela que le sexe soit différent ? "(p44)." Ce qui me paraît extraordinaire, c'est l'aisance avec laquelle les femmes qualifiées du monde discutent au sujet de ce qu'elles haïssent le plus : l'amour des hommes pour les hommes, qu'elles appellent la pédérastie avec une grimace de demi-dégoût. Jamais, avant la guerre, elles n'auraient osé s'expliquer aussi ouvertement dans un salon. Pendant le dîner, Mme d'Aldoa n'a-t-elle pas lancé, à travers la table, son jugement désapprobateur sur cette demoiselle Néron ? Elle a presque prêché avec la violence d'un saint Jean Chrysostome excommuniant l'impératrice Eudoxie. Il y a encore une quinzaine d'années, on évoquait sans la préciser la tragédie d'Oscar Wilde, et on excusait Verlaine à cause du génie de Sagesse, mais on ne se permettait pas de déclarer à voix haute, comme je l'entends ce soir : -Untel ! Voyons, il couche avec son secrétaire. "(p97). "L'expression comme ça  signifie-t-elle avoir des goûts communs aux leurs ? Ces jeunes gens qui s'exprimaient ainsi, espérant qu'on ne les comprendrait pas, possèdent alors l'instinct des autruches qui dissimulent leur tête derrière une pierre et s'estiment invisibles à l’œil du chasseur. Une insensée de l'opinion publique empoisonne l'existence de ces misérables. Ils savent que la société leur pardonne tout, excepté le scandale, et qu'on leur est toujours reconnaissant d'une chose : de ne pas s'afficher. Celui-ci, marié à une jeune fille riche, joue à la Madeleine repentie, sans, du reste, conviction, puisque, frôlant les murs comme un voleur, il se précipite en cachette dans tous les bains de vapeur ; celui-là, par snobisme contradictoire, fait semblant d'aimer les hommes, parce qu’une certaine catégorie de ces individus laisse toujours supposer que tous les princes du sang et les hommes célèbres partagent leurs sympathies ; celui-là, colosse dans la cavalerie, minaude comme une vierge devant un fort des Halles ; celui-là, homme du monde choyé, est un maniaque de la rue ; celui-là, qui va au-devant des rencontres anonymes dans les établissements odorants des Champs Elysées, les retrouve parfois, dans la salle à manger d'un ami, en livrée, un plat de sauce à la main.." (p103). "Le bal dou-dou. C'est le bal des nègres, qui a lieu dans un vaste rectangle blanc peint à la chaux où l'air est suffocant à cause de l'odeur des noirs. Les murs humides suintent comme les corps en nage. Les réflecteurs électriques projettent leurs rayons crus sur l'ambiance digne d'une réunion de boxe. Les automobiles de luxe qui stationnent devant le trottoir ont vomi, ce soir, dans cette salle puante, les gens du monde, les snobs avides de toute nouveauté, les américains de Montparnasse qui n'iront pas se vanter dans leur pays d'une familiarité éphémère avec leurs frères inférieurs...."(p136). Les éditions de France, 1928.

RACHILDE et M. F. de HOMEM CHRISTO.

Au Seuil de l’Enfer.

Le Parc du Mystère. Flammarion, 1923, 248p.

RACHILDE et Jean-Joë LAUZACH.

Le Val sans Retour. Crès. L’Aérophage. Paris : Les écrivains associés, 1935, 189p.

 

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